Ne dites surtout pas à PP que je lui ai fait une infidélité. Il ne me pardonnerait pas (c'est lui qui le dit)
Plus sérieusement, voici "un peu" de lecture au sujet de MAM
El mundo 3 juillet 2005
Miguel Ángel Muñoz
“J’ai pensé plusieurs fois à me vernir les ongles. J’adore me déguiser”
La rencontre entre ce jeune acteur et chanteur, de 22 ans, et l’écrivain Luis Antonio de Villena, son interviewer de 53 ans, a eu lieu dans un coin tranquille de Madrid. Là, Miguel Ángel Muñoz —célèbre grâce à la série"Un paso adelante" et le groupe musical Upadance— a été sincère sur ses goûts, ses croyances et ses opinions les plus intimes.
Tard dans la soirée, dans un coin tranquille de Madrid, Miguel Ángel arrive en retard, dans une voiture de sport aux vitres fumées, et s’excuse. C’est un garçon de 22 ans, grand, séduisant qui ne veut pas le paraître. On dirait une personne sophistiquée qui assume ou joue la banale simplicité. Sérieusement. Il me la répété plusieurs fois : il ne boit pas, il ne fume pas et il ne prend pas de drogues. Il a bu un coca-cola.
Mais, disons que, son ascétisme n’est dirigé contre personne... On constate qu’il est très tolérant, qu’il aime beaucoup l’indépendance, qu’il finit toujours par dire ce qu’il voulait même si ça dérange. Je lui demande quelle musique il préférerait en fond pendant notre conversation et il n’hésite pas une seconde entre More than words de Extreme et une chanson du dernier disque de UPA Dance “Te extraño” pour que je le découvre (il m’a amené le disque)
P (Pregunta : question) : La génération X n’est déjà plus la tienne. Pas plus que ce n’est celle de “Sexe, drogue et rockn’roll”, c’est évident...
R (Respuesta : réponse) : non, mais je ne me considère pas comme un réactionnaire pour autant. Autour de moi il y a beaucoup de drogue, mais moi - et c’est la vérité - ça ne m’a jamais intéressé. Je travaille depuis l’âge de 9 ans. Et je n’aime pas faire tout ce que les autres font...
P. Tu as l’air apolitique (NDT : qui n’a pas de camp politique - droite/gauche - précis).Tu es conservateur peut-être?
R. Je ne crois en aucun parti politique, en aucun. C’est la liberté qui m’intéresse. Je suis politiquement correct, dans le bon sens du terme. Je crois en la lutte individuelle de chacun pour améliorer le monde. Toutefois, je vais te dire : 99% de ce que je vois dans ce monde ne me plaît pas.
P. Comment trouves-tu l’Eglise catholique actuelle? Intransigeante?
R. Je suis catholique par tradition familiale, mais à côté de ça je ne suis pas pratiquant (pratiquant “externe”). Je crois en quelque chose là-haut, que je suppose qu’on appelle Dieu. Mais je trouve mauvais que l’on interdise le préservatif, par exemple. Et mauvaises d’autres choses de l’Eglise actuelle. Comme tu dis, je dois être un pratiquant “interne”, dans mon for intérieur.
P. On dit que les acteurs modernes sont bouddhistes. Et toi?
R. Je ne connais pas grand chose au bouddhisme. Et encore moins au bouddhisme Zen. Je sais que, dans le fond, nous naissons seuls et nous mourrons seuls. Nous allons comme si nous naviguions sur un bateau. Des gens montent et descendent, mais au final, tu es toujours seul.
P. Tu es content de ta vie? Un garçon jeune, beau avec du succès... On se doute aussi quevous vous amusez beaucoup. : sorties, bringue...
R. Je suis content. C’est un privilège de travailler dans ce que tu aimes, d’en profiter et d’apprendre grâce à ça. J’adore être acteur. Beau? Disons que je ne suis pas laid. Et quel garçon de 22 ans ne s’amuse pas? Maintenant, je sors moins parce que je me sens persécuté par les paparazzi…
P. Ou c’est peut-être parce que tu as été dans des endroits pour personnes majeures alors que tu étais mineur...
R. Bien sûr. J’ai toujours été obligé de dire que j’étais plus âgé. Oui, à 17 ans j’allais dans des discothèques “branchées”... (je lui raconte que Sue Lyon, la “Lolita” de Kubrick n’a pas pu assister à la sortie du film dont elle était l’interprète principale parce qu’elle était mineure. Miguel Ángel rit : il sait ce que c’est.
P. Es-tu un macho?
R. Pas du tout. Je n’aime pas les féministes radicales mais je crois que la femme a été victime de discriminations et qu’heureusement elle tend à cesser de l’être...
P. (Es-tu pour le) Mariage gay ou (crois-tu que) c’est un “attentat étymologique” ?(NDT : Le mariage serait par définition fait pour être celui d’un homme et d’une femme - le terme “mariage gay” serait alors un non sens)
R. Je ne connais rien à l’étymologie, mais ça me semble très bien que les homosexuels se marient, si ils le veulent, avec tous les droits. Après on appelle ça comme on veut.
P. Tu as une quelconque sensibilité gay? Est-ce que ça te gênerait de faire la une d’une revue comme “Zero” (NDT : l’équivalent de “Têtu” en Espagne) en tant que “ami des gays”? (NDT : l’auteur-interviewer fait peut-être ici une allusion voilée à Pablo Puyol qui, en 2001, avait fait la une dudit magazine comme “jeune espoir du cinéma gay” pour son court métrage “En malas compañías”).
R. Absolument pas. Je serais enchanté de faire la une de cette revue. Les homosexuels sont très sensibles. Ils ont dû ruser pour survivre et ça se remarque dans les professions artistiques. J’ai ma part de féminité, comme tout le monde...
P. Tu prends beaucoup soin de toi? Et je ne parle pas spécialement de gymnastique...
R. Je prends soin de moi. Je me mets des crèmes sur la figure, sur le corps... Je n’en suis pas encore arrivé au rimel pour hommes, mais pourquoi pas?
P. Il y a quelques années Beckham a fait la une de Vogue avec les ongles vernis. Evidemment ses mains étaient un peu rudes (NDT : sens de grossières, pas top)… (il rit en buvant une autre gorgée de coca-cola et en s’étirant - il porte un tee-shirt - les bras sveltes aux doigts longs : NDT : allusion peut-ête pas anodine aux doigts de MAM quand on connaît la symbolique qui se cache derrière LOL !!!)
R. Tu ne vas pas me croire mais j’ai souvent pensé à me vernir les ongles. ça me plaît. Je ne sais pas si on appelle ça du dandysme, mais j’adore me déguiser. Chercher “un nouveau tour de compliments”. On m’a critiqué pour les chaussures en brillants que je mets parfois. Et je vais te confier un secret : je mets presque toujours mes vestes à l’envers...
P. Les icônes de la télé sont placées sur un piédestal?
R. Tout ce qui passe à la télévision devient une référence, que ce soit en bien ou en mal. La célébrité passe aujourd’hui beaucoup plus par la télévision que par le cinéma. Mais le plus important pour un acteur est qu’il croise dans sa vie un bon réalisateur (de cinéma).
P. Pilar López de Ayala (qui a travaillé avec toi à la télévision) a croisé la route de Vicente Aranda. Interpréter Jeanne la Folle (NDT : reine de Castille - 1479-1555 -, tombée raide amoureuse de Philippe le Beau, et devenue folle d'être trop trompée par cet homme qui ira jusqu'à la faire enfermer dans un monastère; elle lui donnera deux fils - dont le futur Charles Quint - et mourra en 1506) a été une chance magnifique. Quel réalisateur aimerais-tu croiser dans ta vie, dans ta carrière?
R. Si je ne devais en donner qu’un seul ce serait Alejandro Amenábar (Abre los ojos, Tesis, Los Otros). Mar adentro (NDT : Film, avec Javier Bardem qui a remporté en 2005 14 Goyas - l’équivalent espagnol des Césars) m’a beaucoup plu.
P. Peux-tu en donner deux ou trois, autres qu’espagnols?
R. J’aime le cinéma espagnol mais je crois qu’il nous manque encore de moyens... Je dirais aussi Spielberg et Sophia Coppola… Qui sait!
P. As-tu des acteurs modèles ou fétiches?
R. En vérité, non. Je ne suis pas un garçon à posters. Mais j’ai eu et j’ai des mythes : James Dean, Elvis, Michael Jackson… (De James Dean - mort il y a 50 ans- nous en avions parlé un peu avant. Miguel Ángel Muñoz ne croit pas beaucoup au style “mauvais garçon”, mais si l’occasion se présente il la saisira. Malgré son air bien sous tous rapports).
P. Même si je-m’en-foutiste n’est pas le mot, on a l’habitude d’entendre que les jeunes de ta génération s’intéressent peu à la culture. On dit que vous ne lisez pas (du moins, les Espagnols), que vous ne connaissez rien à l’art... Des accusations de ce genre.
R. Pour ma part, j’éprouve une certaine honte à dire que la littérature est une matière dont j’ai encore beaucoup à apprendre. Mais ça finira par s’arranger, enfin je l’espère... Je vais beaucoup au théâtre et au cinéma. Je crois que nous avons besoin d’un théâtre nouveau, différent. Il n’y a pas longtemps j’ai vu une pièce, réalisée par mon ami Sergio Peris Mencheta (qui a également débuté dans “Al salir de clase”), et qui est unepièce alternative et formidable, mais seulement visible à Madrid dans la “Sala Ítaca”, qui est trop marginale.. C’est pour ça que je te disais que le théâtre avait besoin de ce genre de choses…
P. Mais tu es là-dedans maintenant et tu vas sortir un truc plus commercial qu’autre chose, inspiré du succès du livre de Skármeta, (NDT : V.O. “El cartero de Neruda”/V.F. “Une ardente patience” - Editions Seuil - disponible en poche pour 5 euros Synopsis : Mario Jiménez, un jeune pêcheur décide d’abandonner son métier pour devenir facteur sur la Isla Negra/L’Ile Noire, où l’unique personne qui reçoit et envoie de la correspondance est le poète Pablo Neruda. Jiménez admire Neruda et attend patiemment qu’un jour le poète lui dédicace un livre ou qu’il se produise quelque chose de plus qu’un bref échange de paroles et le paiement du pourboire. Son désir ardent sera finalement réalisé et entre les deux hommes s’établira une émouvante amitié. Mario va peu à peu gagner la confiance du poète et celui-ci va l’intier au monde lyrique de la poésie et de ses métaphores. Mario qui est amoureux de la belle et inaccesible Beatriz demande de l’aide à Neruda pour pouvoir la séduire. Il découvrira alors que les mots sont un merveilleux moyen de conquérir le coeur d’une femme) et du film qui a suivi (NDT : Le Facteur/Il Postino/ El cartero y Pablo Neruda de Michael Radford - 1994 - avec Philippe Noiret et Massimo Troisi- ce dernier est décédé à la fin du tournage ce qui rend le film d’autant plus émouvant). Non? (il sourit, avec son air, indiscutablement spontané, du gamin pris en faute).
R. Oui, c’est vrai. Il y a une date de sortie. On me l’a communiquée aujourd’hui même. Le 2 décembre prochain à Avilés. Nous jouerons El cartero de Neruda/Le Facteur de Neruda. Le texte est celui de Skármeta, et c’est José Sámano qui le produit et le réalise. Moi je joue le facteur. Et il y aura aussi Marina San José (la fille de Ana Belén), José Ángel Egido et Tina Sáinz…
P. Revenons à l’dée qu’ont beaucoup de gens sur ta génération : au fait que vous seriez des jeunes quelques peu désintéressés par beaucoup de choses, surtout si elles ne concernent pas la discothèque et l’argent, “le fric”…
R. Je ne crois pas que ce soit toujours comme ça. Même si evidemment il y a des gens comme ça, il y en a aussi dans d’autres générations. Moi, par exemple j’ai découvert, il y a peu (oui, il y a peu, on va dire) la peinture. Et je me suis rendu compte que cela me plaît et m’intéresse beaucoup. Bien que la peinture que je préfère est essentiellement figurative.
P. Tu peux me donner des noms? Barceló, Bacon… Figuratifs ou non figuratifs.
R. Miquel Barceló m’a beaucoup plu, par exemple. Mais j’ai entendu dire que ces tableaux sont très chers…
P. J’ai bien peur que ce soit exact, Miguel Ángel. Un livre est vraiment moins cher qu’un tableau… (Il remarque mon affectueux tirage d’oreille et il saute agfilement avec les bras tendus).
R. Eh bien, figure-toi que maintenant je me mets à apprendre des monologues par coeur. C’est un bon travail pour un acteur, mais en fait je préfère profiter de l’oeuvre entière. Je viens de lire Cyrano de Bergerac, de Rostand, traduit par Jaime et Laura Capmany. Il y a des passages splendides. Comme celui- ci que dit Bergerac à un Comte ridicule qu’il vient de battre… "Tiro con garbo el sombrero/ y, con gracia semejante,/ de la capa me libero"…
P. Sans doute, l’une des oeuvres les plus vues. A elle été transposée au cinéma en respectant les vers.
R. Je l’ai vue, je l’ai vue, avec Depardieu…
La conversation — comme ça arrive souvent - devient plus cordiale et chaleureuse à mesure que le temps passe. Nous sommes restés ensemble, à boire des coca-colas, près de trois heures. Nous nous sommes séparés à 3h30 du matin et je lui ai conseillé d’être prudent en voiture. Mais de la prudence et de l’intelligence (NDT : “être une personne sensée/réfléchie”), ce gamin de 22 ans semble en avoir à grandes doses. Ce n’est pas qu’il ne s’amuse pas - il m’a déjà dit que oui - No es que no se divierta —ya me ha dicho que sí— mais il semble que son sens du devoir et de ce qu’il veut faire est chez lui quelque chose de plus présent encore que chez un adultep. Serait-ce professionnel, le mot approprié? Personnellement, je suspecte que les particulières ne manqueront pas et il m’a d’ores et déjà promis de m’inviter à la prochaine fête qu’il donnera chez lui, avec des amis. Naturellement, j’ai accepté.Yo sospecho que no faltarán farras particulares. Miguel Ángel a insisté pour que je n’oublie pas de citer ce qui lui semble, à ce jour, le prix le plus remarquable qu’il a eu dans sa jeune carrière : El Premio TP 2003 a la Trayectoria y Talento juveniles(NDT : TP/Tele Programa - équivalent, en Espagne, de Télé 7 Jours - 7 d’Or)/ Le Prix TP 2003 du jeune parcours et du jeune talent. J’en ai pris bonne note.
Ah oui, j’oubliais… Avant de déclarer terminée cette interview si distanciée et amicale, je lui ai demandé si, à son âge, il avait déjà été vraiment amoureux. “L’Amour pour de bon”, comme dit la chanson. Pas celui des amourettes et de la drague. Il n’a pas hésité à me répondre qu’à 22 ans il avait connu le véritable amour, le profond, celui qui te marque à vie.
Et ensuite, pour conclure, je lui ai demandé une définition de l’amour de lui ou de quelqu’un d’autre. Il m’en a donné une qui n’est pas de lui et qui ne lui plaît pas : "L’amour est comme un serpent à deux têtes, qui n’arrêtent pas de surveiller l’une et l’autre toute la journée". Mais celle-là ne lui plaisait pas. La tienne? Il a réfléchi. “Il est un peu tard” (et il était tard, en effet). J’ai voulu lui citer des vers de Quevedo ou de Lope —"Dar la vida y el alma a un desengaño/ Donner sa vie et son âme à une désillusion"— mais peut-être n’était-ce pas de son monde. "Demain, je t’envoie la définition par mail". "D’accord". Mais il ne l’a pas fait (peut-être parce que le lendemain il était aux fêtes d’Estepona pour faire office de crieur public, et que le temps lui a manqué).
C’est comme ça que la définition de Miguel Ángel Muñoz sur ce qu’est l’amour, cet amour qu’il a profondément ressenti, reste en suspens. Nous l’attendons.